quinta-feira, 27 de junho de 2013

Resposta de èdouard Glissant em 1957



Qui vous a transmis, très tôt, le goût des livres et de l’écriture ? 

A 10 ou 12 ans, je faisais la chasse aux livres. C’était même mon activité principale. Je les trouvais dans les rares ébauches de bibliothèques ou chez des particuliers. Littérature populaire ou romanesque. Nous apprenions à l’école des pans entiers de Hugo, Vigny et les autres. La récitation était un exercice complet et périlleux. Quelques années plus tard, avec des jeunes du Lamentin, nous avons fondé un groupe politico-culturel, le Franc-Jeu, et une sorte de journal dans lequel j’ai publié mes premiers poèmes. Comme il y avait pénurie de papier, nous tapions à la machine à écrire (à cent exemplaires) sur des feuilles de papier banane… 

Quelques livres arrivaient en Martinique, je ne sais pas trop par quel chemin. Je me souviens ainsi d’une édition américaine de L’Existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre, (peut-être en 1943), dont un ou deux exemplaires étaient disponibles sur l’île. Comme pour tous les jeunes, il n’y avait pas réellement de choix dans les lectures, c’était un énorme chaos de tout ce qu’on pouvait grappiller ou rapiner. 

Aimé Césaire, qui enseignait au lycée Victor Schœlcher de Fort-de-France (il professait dans les classes supérieures, j’étais encore en quatrième ou en troisième), était revenu en Martinique juste au moment de la guerre, fin 1939. Il avait fondé la fameuse revue culturelle Tropiques qui était pour nous, jeunes Martiniquais, une formidable ouverture sur le monde. Mallarmé, Rimbaud, Lautréamont, les poètes latino-américains, les Haïtiens. Je ne crois pas que le goût des livres et de l’écriture se « transmet ». Vous menez seul ce combat. Les situations, l’entour vous poussent ou vous aident.



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